• Château de la Mésangère, à 100 m du gîte, on peut en faire le tour à pied sans problème !!! (voir les photos suivantes)
    • Jean de La Fontaine y séjourna, à l'invitation de Marguerite Hessein de La Sablière, dont la fille avait épousé Guillaume Scot, seigneur de La Mésangère, et y écrivit deux fables (voir ci dessous)
    • Le jardin a été dessiné par Le Nôtre, avec une grille en fer forgé, sept statues en pierre ou marbre, un pont de pierre, les douves et sauts-de-loup, les sept avenues partant du rond-point de « Zéphir et Flore » et l’avenue latérale conduisant à la « tonnelle du Roi Jacques ».
    • Le domaine de La Mésangère appartenait à la fin du xvie siècle à la famille du Fay, par laquelle il est vendu en 1654 à la famille Scot, qui conserve La Mésangère jusqu'en 1769. La Mésangère est alors achetée par Victor Flavigny, drapier à Elbeuf, qui la revend en 1783 à Laurent de La Bunodière. Ce dernier revend à son tour La Mésangère en 1791 à J. P. Amable Chrétien de Fumechon, magistrat et député, dont la descendance, dans les familles Asselin de Villequier, Cardon de Montigny, du Fresne de Beaucourt et d'Hugonneau, la conserve jusqu'en 2013. Il est acquis de nouveau en 2015 et est en cours de restauration.

« Les deux pigeons »

fable écrite à La Mésangère

 

Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre.

L'un d'eux s'ennuyant au logis

Fut assez fou pour entreprendre

Un voyage en lointain pays.

L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ?

Voulez-vous quitter votre frère ?

L'absence est le plus grand des maux :

Non pas pour vous, cruel.  Au moins que les travaux,

Les dangers, les soins  du voyage,

Changent un peu votre courage.

Encore si la saison s'avançait davantage !

Attendez les zéphyrs : qui vous presse? Un Corbeau

Tout à l'heure annonçait malheur à quelque Oiseau.

Je ne songerai plus que rencontre funeste,

Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut :

Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,

Bon soupé, bon gîte, et le reste ?

Ce discours ébranla le coeur

De notre imprudent voyageur ;

Mais le désir de voir et l'humeur inquiète

L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point :

Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;

Je reviendrai dans peu conter de point en point

Mes aventures à mon frère.

Je le désennuierai :quiconque ne voit guère

N'a guère à dire aussi.

Mon voyage dépeint

Vous sera d'un plaisir extrême.

Je dirai : J'étais là ; telle chose m'avint ;

Vous y croirez être vous-même.

A ces mots en pleurant ils se dirent adieu.

Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage

L'oblige de chercher retraite en quelque lieu.

Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage

Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage.

L'air devenu serein, il part tout morfondu,

Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,

Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,

Voit un Pigeon auprès : cela lui donne envie :

Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las

Les menteurs et traîtres appas.

Le las était usé : si bien que de son aile,

De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin.

Quelque plume y périt : et le pis du destin

Fut qu'un certain vautour à la serre cruelle,

Vit notre malheureux qui, traînant la ficelle

Et les morceaux du las qui l'avaient attrapé,

Semblait un forçat échappé.

 

Le Vautour s'en allait le lier, quand des nues

« Les grenouilles qui demandent un roi »

fable écrite à La Mésangère

 

Les grenouilles se lassant

De l'état démocratique,

Par leurs clameurs firent tant

Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.

Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique:

Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant,

Que la gent marécageuse,

Gent fort sotte et fort peureuse,

S'alla cacher sous les eaux,

Dans les joncs, les roseaux,

Dans les trous du marécage,

Sans oser de longtemps regarder au visage

Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau.

Or c'était un soliveau,

De qui la gravité fit peur à la première

Qui, de le voir s'aventurant,

Osa bien quitter sa tanière.

Elle approcha, mais en tremblant ;

Une autre la suivit, une autre en fit autant:

Il en vint une fourmilière;

Et leur troupe à la fin se rendit familière

Jusqu'à sauter sur l'épaule du roi

Le bon sire le souffre et se tient toujours coi.

Jupin en a bientôt la cervelle rompue:

«Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue.»

Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue,

Qui les gobe à son plaisir;

Et grenouilles de se plaindre.

Et Jupin de leur dire:« Eh quoi? votre désir

A ses lois croit-il nous astreindre?

Vous avez dû premièrement

Garder votre gouvernement;

Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire

Que votre premier roi fut débonnaire et doux

De celui-ci contentez-vous,

 

De peur d'en rencontrer un pire.»